• Chapitre 1: La Dame d'Ivoire

    Chapitre 1

    La Dame d'Ivoire

     

     

    La tempête était passée depuis plusieurs heures, mais le vent soufflait toujours aussi fort, soulevant des bras éthérés de sables vers l’ouest. Le soleil se couchant, le ciel prenait une teinte orangée, qui se mariait très bien avec l’étendue de sable qu’était le désert de Shoak… Pour peu qu’on ait de jugeote, on aurait presque pu dire que le sol et le ciel n’avait aucune séparation.

    Bien que la visibilité fût de plus en plus proche de zéro, les grands murs du relais Malket grandissaient au fur et à mesure que la voyageuse marchait vers eux.

    Enfin une bonne nouvelle, pensa Spirit entre deux grognements.

    Et elle n’arrêtait pas, depuis qu’elle marchait dans cet imposant désert, sa mauvaise humeur l’avait accompagnée… D’abord, se furent ces sandales qui s’enfonçaient dans le sable, ensuite ces maudits scorpions de la taille d’un homme ou encore ces foutues tempêtes. Rien que le fait de grincer des dents, elle pouvait sentir les grains de sable crisser entre elles.

    Spirit s’arrêta un moment, enleva son pied entouré de bandelette et vida l’une de ses sandales de tout son sable accumulé. Bientôt, elle serait au relais et ce maudit cauchemar serait enfin terminé… Pour un moment !

    Faites que le relais ait un sol dur, n’importe quoi, mais pas de sable !

    L’humaine, où plutôt l’être qui ressemblait à une humaine physiquement, remit sa sandale et s’avança de nouveau vers le nord. Elle dégagea sa capuche en constatant que la tempête crachait son dernier souffle et qu’elle ne risquait plus d’être aveuglée par le sable. Une longue crinière de cheveux, tombant jusqu’aux fesses, se libéra instantanément de sa prison de tissu.

    Celle-ci était retenue en demi-queue de cheval, une unique mèche lui couvrait l’œil droit, glissant sur sa peau jusqu'à son épaule. Elle y passa une main pour dégager les possibles nœuds pendant que le soleil faisait ressortir la couleur de ses cheveux, un beau brun, mais parcourut de mèches rouges qui avaient l’air tout ce qu’il y a de plus naturel.

    Pendant qu’elle se caressait les cheveux, elle sentit quelque chose entre deux mèches et elle l’y retira d’un geste sec (Par pitié, pas encore l’un de ces foutus scarabées !) et constata, sans aucune surprise, une plume dorée. Elle la regarda un moment de son regard bleu, puis haussa les épaules et la jeta par-dessus son épaule.

    La plume suivit le souffle du vent et vogua vers l’ouest, pendant que Spirit traçait sa route vers le relais. Elle constata bien vite qu’il y avait de la vie dans celui-ci, déjà quelques torches étaient allumées, brillant comme des lucioles dans le crépuscule.

    Très légèrement vêtue (D’un simple corset, d’un pantalon noir et d’une cape verte, sans oublier une légère veste dévoilant ses fines épaules à nues et couvrant ses bras), Spirit ne semblait être nullement gênée par la puissance du soleil dans cette région du monde, ni par sa chaleur…

    Premièrement, elle semblait ne pas souffrir de l’enfer régnant dans les plaines de sable, comme immunisée à la chaleur. Mais elle avait pourtant chaud, sans pour autant en être gênée. Elle-même semblait dégager de la chaleur, il suffisait de la toucher pour le sentir… Encore faut-il que vous soyez suffisamment près pour, sans y perdre les bijoux de famille.

    Deuxièmement, sa peau n’était nullement bronzée, ni tannée par des jours de marches dans le désert. Au contraire, elle était blanche, mais d’un blanc comme neige. La seule chose qui brisait ce blanc était la fine bande rouge qui couvrait ses yeux, comme s’il s’agissait d’une peinture de guerre, alors que ce n’était pas le cas.

    Elle dégagea un grain de sable gênant dans la pointe de ses oreilles et accéléra le pas vers le relais, elle voulait y être avant la tombée de la nuit… Mais c’était aussi et surtout parce qu’elle voulait marcher sur autre chose que ce putain et même sable qui l’accompagnait depuis des jours !

    Lorsqu’elle arriva au relais, il ne restait plus qu’un fin trait brulant à l’horizon, le soleil abandonnant ce monde encore une fois au profit des lunes. Les murs du relais étaient fait en pierre marron, sous une couche de plâtre mélangé à du sable qui c’était brisé par-ci et par là, dévoilant l’ossature de bloc de pierre. Des rondins de bois sortaient des murs, soutenant le chemin de ronde en haut de l’édifice et tous les trois mètres, était disposé une torche. Devant Spirit se tenait la porte du relais, grande ouverte de l’intérieur et accueillant les voyageurs, la herse elle-même était relevée.

    Spirit aperçut le sol légèrement dallé et sentit ses pieds hurlaient de joie, arrivée à quelques mètres de l’entrée, elle bondit sur les dalles et souffla de plaisir de sentir, enfin, un sol dur et consistant sous la plante de ses pieds.

    Puis elle entendit un rire d’ivrogne…

    Se tournant vers sa droite, elle vit un humain, assis sur le sol, le dos contre le mur, une bouteille d’alcool dans la main. L’homme semblait d’un certain âge, environ la quarantaine, assez pour ne pas faire peur (Oui, mais… C’est Spirit après tout, hein !), son crâne était dégarni de cheveux, avec seulement une touffe blonde sur les côtés, crachant bientôt plus sur du blanc. Il avait un œil en moins, remplacé par un œil de verre d’un blanc aussi laiteux que la peau de la jeune femme.

    L’ivrogne lui sourit d’un sourire édenté pendant que le chien qui était à ces côtés (Un clébard sale et aux poils long, remplit de grain de sable) aboya après Spirit.

    -Zoli d’moizelle… z’êtes zoli vous, l’avez zamais dit ? Vous voulez bien m’faire une faveur, d’moizelle ?

    Le type était complètement abruti par l’alcool qu’il fallut une bonne minute à Spirit pour comprendre tout ce qu’il avait dit. Mais elle n’avait pas le temps à consacrer avec un indésirable comme lui, elle regarda droit devant elle et traversa la porte quand l’alcoolique reprit, sans avoir vu a priori le départ de la jeune femme.

    -Z’êtes zoli avec vot’ gross’ poitrine ! L’ami Cubert ze zen zeul ce soir, voulez pas être zentille et lui faire une tite turlute !

    Spirit passa la tête par la porte et gratifia l’ivrogne d’un mauvais regard, elle montra les dents, dévoilant une paire de canines proéminentes. Aussitôt, l’humain cru y voir une créature des légendes qu’on nomme Vampire et il lâcha sa bouteille avant de serrer le chien dans ses bras, qui cessa d’aboyer aussitôt.

    Voyant qu’il ne s’y risquerait pas à deux fois, elle repartit sur son chemin.

    -Humain, lâcha-t-elle comme s’il s’agissait d’une insulte.

    Elle s’attendait à en voir d’autres de son espèce et ainsi, en rajouter sur sa mauvaise humeur, mais ce fut tout le contraire. Le relais de Malket semblait être l’un des passages obligés pour tous les non-humains fuyant la Chantre, religion pro-humaine et dominant la plupart des continents du monde.

    Spirit croisa des elfes, des nains, des hobbits et même des Sang-froids, aucun d’eux ne lui prêta attention et elle se sentit soudainement insignifiante, dieu que c’était bon !

    Pourtant, elle avait des formes à faire pâlir une nymphe, mais partout elle passait, son physique lui avait valu d’étranges regards, des murmures dans son dos ou voir l’interdiction à un quelconque lieu… Car elle n’était pas humaine.

    Elle s’arrêta au milieu du relais et vit qu’elle en avait très vite fait le tour. Il n’y avait que trois bâtiments à l’intérieur des murs : un entrepôt, une caserne et ce qui semblait être une auberge. Elle scruta rapidement ce qui l’entourait avant d’apercevoir un nain en train de serrer les nœuds de son chariot.

    -Excusez-moi, fit-elle d’une voix charmante et mielleuse. Maître nain ?

    Le nain ce tourna vers elle, pipe à la bouffe et lui gratifia d’un léger sourire au titre de « Maître nain ».

    -Ouep, un problème ma petite ?

    Brutalement, Spirit se tût. Elle ferma les yeux une brève seconde (qui eut l’impact d’un siècle entier dans son esprit) et préféra oublier la remarque du nain… En effet, Spirit était petite pour sa taille. Ce n’était pas vraiment un complexe, mais cela l’agaçait quand on le lui répétait trop souvent… Sauf que là, c’était pire… Le nain lui arrivait au niveau de la poitrine, c’était plus qu’humiliant pour son égo.

    -Hum… Je me demandais juste s’il y avait encore de la place dans l’auberge, vue le nombre de voyageur, je…

    -Ah ! Des voyageurs dites-vous ! Si seulement… On est tous des réfugiés de Dagobas, ma p’tite !

    Le sourcil droit (Un fin sourcil de forme triangulaire) de Spirit sautilla devant la nouvelle remarque du nain.

    -De Dagobas ? Que s’est-il passé ?

    -La Chantre, ma fille, la Chantre… Ils ont débarqué avec leurs templiers et autres grandes pompes, ils ont saccagé toute la ville et on a tout juste eut le temps de fuir que le reste était soit tué, soit emprisonné…

    Il conclut par une prière naine envers les anciens dieux avant de reprendre.

    -On met les voiles demain matin vers la ville rebelle de Kazak, moi et tous les autres ici… C’est assez éloigné dans le désert pour que la Chantre nous laisse en paix. Bref, pour répondre à ta question, ma p’tite, j’pense pas qu’il reste grand-chose dans l’auberge, tu peux toujours voir… Mais j’te conseille de garder ta place si t’en trouve une, car on va être beaucoup à dormir à la belle étoile ce soir.

    -Merci bien, maître nain.

    Puis elle se détourna sans un regard. La Chantre avait de nouveau frappé et mis une centaine de personnes à la rue, à la recherche d’un nouveau foyer. Elle-même avait déjà eu des démêlées avec la Chantre, mais ses formes et ses tactiques lui avaient permis de toujours s’en sortir sans trop de bobo. Mais concernant le reste, chacun sa merde ! Elle n’allait pas pleurer le destin de Dagobas.

    -Pas d’quoi ma p’tite ! Entendit-elle dans son dos.

    Elle serra les poings et les dents, sentant de nouveau les grains de sables crisser. Elle cracha sur le côté, sous le regard d’un enfant elfe, assis sur sa carriole, lui faisant les gros yeux. Quand Spirit le vit, elle lui sourit, un sourire de prédateur. Le gosse n’eut nullement peur des canines de la jeune femme et lui tira la langue, Spirit eut un léger rire puis se dirigea vers l’auberge.

    Alors qu’elle poussait la poignée de la porte, elle ne se doutait pas un seul instant que ce simple geste anodin scellerait à jamais son destin.


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  • Commentaires

    1
    Spox
    Lundi 24 Mai 2010 à 19:56
    Petite Spirit ! Ha ! La petite qui dépasse de peu un nain !

    Bref. Super ce premier chapitre en son contenu. Des descriptions suffisante, de l'action (les discutions), de quoi me faire imaginer l'histoire dans ma tête.

    Ton seul point faible, c'est les fautes x_X. Je suis désolé de te le dire, mais tes fautes sont flagrante. Tu n'aurais pas un(e) bêta lecteur/lectrice ? Car, la majorité de tes fautes sont graves...

    Sinon, à quand la suite ?
    2
    Bahakell Profil de Bahakell
    Lundi 24 Mai 2010 à 21:45
    Fixed ! Merci :)
    3
    5oulfire
    Lundi 24 Mai 2010 à 21:48
    Hey, chut hein. Spirit a de sérieux argument pour faire oublier sa taille... Puis se ne sont pas les mecs qui tentent de se convaincre que la taille n'est pas si importante. Quoiqu'il en soit, je bugue sur le dessin... J'ai honte. x_x
    4
    Bahakell Profil de Bahakell
    Lundi 24 Mai 2010 à 21:49
    Tss, il est beau ton dessin ! Moi j'aime en tout cas :)
    5
    Natilia
    Mercredi 30 Juin 2010 à 23:15
    Le texte est vraiment pas mal, assez de détails pour pouvoir imaginer le contexte dans la tête mais sans que ça soit lourd pour autant. Encore une fois Bahakell écrit super bien, j'adore !
    Quant au dessin, j'aime beaucoup, un style bien simpa sans reprendre le style béta "manga"...

    Bref, du super bien =)
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